Après les images choquantes des prisons de Fresnes, j’ai immédiatement ordonné une enquête pour faire la lumière. La lutte contre la rechute passe par la réinsertion mais certainement pas le kart ! — Éric Dupond-Moretti (@E_DupondM) 20 août 2022 Mais la Garde des Sceaux et ses agences ignoraient-elles ce tournage et les activités prévues dans ce cadre ? Comment l’événement a-t-il été planifié et organisé ? Le directeur de la prison de Fresnes, Jimmy Delliste, était bien sûr au courant. Dans un tweet daté du 27 juillet, il a également félicité les organisateurs de ce “Kohlanness en prison”. Quelques jours plus tard, le 4 août, il postait un autre tweet citant des retours positifs de “multiples acteurs de l’opération à la maison d’arrêt de Fresnes”. Suite à une demande de franceinfo, le ministère de la Justice explique lundi 22 août que “l’initiative de l’événement a été prise et gérée directement par la prison et les organisateurs. Un accord bilatéral a été signé et il mentionne une carte, mais ni le cabinet du ministre ni l’administration pénitentiaire n’ont vu cet accord.” Franceinfo a pu consulter ce texte. Il y a une bonne référence à un “Obstacle Kart Stadium” dans la section “Shooting Setup”. Ce document a été signé le 25 juillet par Jimmy Delliste et le producteur de la série, Enzo Angelo Santo. L’administration pénitentiaire apparaît en haut de ce document, mais, selon la chancellerie, elle n’en était pas le destinataire et a découvert l’activité du cartel le jour même. L’accord entre les organisateurs et la prison, on ne l’a pas vu. Nous aurions dû la voir car il y avait une activité anormale. L’enquête tentera de comprendre qui a pris la décision et jusqu’où elle remonte. Le Ministère de la Justice chez franceinfo Le service communication du ministère de la justice avait en effet donné son accord à la médiatisation de l’événement, « sans connaître les détails du programme, et notamment l’activité du kart, poursuit-on en chancellerie. Le Parisien et Konbini étaient également accrédités pour couvrir la journée. Le reportage du Parisien, publié le 28 juillet, n’avait pas suscité de polémique. Le même service de communication a vu des images de la vidéo prises par les organisateurs afin de brouiller et d’anonymiser des éléments “pour des raisons de sécurité” avant leur diffusion sur YouTube. Procédure classique, nous assure-t-on au ministère. Les images de kart ont-elles soulevé des sourcils à l’époque? “C’était trop tard de toute façon”, répond l’entourage du ministre, martelant que l’information n’est pas remontée au bureau d’Eric Dupond-Moretti. “Ce qui est inquiétant, c’est qu’on publie des images”, déplore l’inspecteur général des lieux privatifs de liberté, Dominique Simonnot, auprès de franceinfo. La controverse s’est intensifiée après que le créateur et présentateur de Kohlanness, Djibril Dramé, a tweeté Damien Rieu, une figure d’extrême droite.
“C’est la puissance de l’image qui a excité la situation”, admet la Chancellerie, qui défend également l’action d’Eric Dupond-Moretti sur la réinsertion des détenus : “On ne peut pas accuser le ministre d’être contre la réinsertion, il est totalement dedans”. C’est le côté kart qui choque. S’ils avaient fait un concours de chant, ça n’aurait pas été un problème.