L’organisateur de la course de karting de la prison de Fresnes a annoncé dans un communiqué avoir supprimé la vidéo en question dans la soirée du lundi 22 août. Baptisé “Kohlanness”, cet événement, organisé le 27 juillet, réunissant des détenus, des surveillants et des jeunes de Fresnes (Val-de-Marne), a provoqué l’indignation de nombreuses personnalités après la diffusion vendredi d’une vidéo sur les réseaux sociaux en YouTube. , montrant spécifiquement une course de karting dans la cour de la prison. Lire aussi Course de karting à la prison de Fresnes : Dupond-Moretti ouvre une enquête “Nous avons décidé, avec l’équipe de Kohlanness, de retirer immédiatement la vidéo ‘Kohlanness à la prison de Fresnes’”, lit-on dans ce communiqué de l’équipe à l’origine de l’événement. L’organisateur a affirmé avoir supprimé la vidéo “par respect pour les victimes” après avoir “appris qu’un des participants arrêtés à un test avait un lourd casier judiciaire”. “Pourtant, nous avons posé à plusieurs reprises nos conditions, à savoir : pas de peine résultant d’une atteinte à l’intégrité physique et/ou morale d’une personne”, a-t-il poursuivi, avant de lâcher : “La confiance que nous avons accordée au Pénitencier de Fresnes. ainsi qu’au ministère de la Justice est rompu. Selon L’Opinion, l’un des détenus impliqués dans le programme “a été condamné à dix ans de prison pour viol par le tribunal correctionnel du Val-de-Marne en février 2021”. Son casier judiciaire, indique le journal sur son site internet, recense également “plusieurs cas de vols, dont des violences avec arme, plusieurs condamnations pour trafic de drogue”. Et une évasion en 2018 lorsque le condamné a été placé sous bracelet électronique. Sans oublier divers incidents dans la réservation. Ce détenu de 31 ans devait participer à l’épreuve de tir à la corde, précise le journal.
Recherche mandatée Dupond-Moretti
Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a annoncé samedi sur Twitter avoir “ordonné une enquête administrative” et dénoncé des “images choquantes”. “La lutte contre la récidive passe par la réinsertion, mais certainement pas par le kart !”, s’offense le ministre. Interrogée sur les profils des interpellés impliqués, la chancellerie a indiqué à l’AFP que “l’enquête apportera les preuves”, sans plus de détails. “Tout était bien. On ne s’attendait pas à ça” de la part du ministère de la Justice, a expliqué Enzo Angelo Santo, producteur de “Kohlanness”, assurant que le ministère avait validé ce fait. “Le but était de montrer, l’espace d’un instant, un moment d’humanité entre les détenus, les gardiens et les jeunes du quartier”, a-t-il ajouté. “Il ne faut pas réduire notre approche au kart”, avait-il insisté, précisant que “tous les détenus” participant au programme étaient “des personnes capables de réinsertion” et “scolarisées”. VOIR AUSSI – Karting dans les prisons de Fresnes : la publication de la vidéo “sanctionnée” par le ministère de la Justice Si les personnes détenues pour de courtes peines sont “réduites à manger, dormir, manger, dormir avec peut-être une heure d’exercice, elles seront en marge de la société à leur sortie”, a déclaré Enzo Angelo Santo. “C’était une matinée éphémère avec seulement quelques détenus choisis par l’administration pénitentiaire (…) Ça leur a créé un moment du lien social.” Une douzaine de détenus ont participé au « Kohlanness » et seulement deux ont participé au karting. Suite à la diffusion du communiqué, le collectif demande que la promesse de don du pénitencier soit honorée et reversée intégralement à une association d’aide aux victimes. Lire aussi Marseille : la prison des Baumettes ouvre un restaurant tenu par des détenus Au 1er juillet, la maison d’arrêt de Fresnes comptait 1 918 détenus pour 1 336 places. Interrogé sur BFMTV, l’inspecteur général des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a dénoncé “une polémique un peu étrange et pathétique”. “Il y a d’autres choses qui se passent dans la prison : du VTT, de l’équitation, de l’escalade, du foot entre détenus et surveillants, mais ces images ne sont pas publiques”, rappelle-t-il. “Le scandale n’est pas là, mais dans la surpopulation des prisons, et plus précisément à Fresnes, qui est l’un des établissements les plus délabrés, plein de cafards, de punaises, de rats et où la vie est misérable. Pour les prisonniers et pour les gardiens”, a souligné Dominique Simonnot. À VOIR AUSSI – Karting à la prison de Fresnes : qui est Djibril Dramé, l’organisateur de l’événement ?