Publié à 15h37
                Isabelle Ducas La Presse             
                Daniel Renaud La Presse             

Dans une lettre envoyée au maire lundi, la Fraternité des policiers de Montréal (FPPM) indique qu’il y a 72 policiers de moins actuellement au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qu’en novembre 2021, lorsque Mme Plante lui a fait une engagement en matière de recrutement. « Selon nos dossiers, lorsque vous avez été embauché il y a dix mois, il y avait 4 410 policiers qui travaillaient au SPVM. Pourtant, selon nos dossiers, le 15 août, il y avait 4 338 policiers au SPVM », a écrit le président de la FPPM, Yves Francœur. Selon lui, la police est insuffisante pour bien faire le travail. M. Francœur déplore que la création de nouvelles unités par l’administration Plante au cours des derniers mois, notamment pour lutter contre la violence armée pour faire face à la contrebande d’armes à feu, ait entraîné le déplacement de policiers des commissariats de quartier (PDQ), « rejetant des pression sur la Gendarmerie, nécessaire à la visibilité dissuasive de la police et au sentiment de sécurité de la population, en chute libre ».

Heures supplémentaires obligatoires

« Face à la réduction évidente du personnel de patrouille, nos membres s’étonnent de vous entendre affirmer que le SPVM dispose de suffisamment de ressources, alors que des policiers sont ensevelis dans des heures supplémentaires obligatoires dont ils ne veulent plus », dénonce le leader syndical. Selon la FPPM, le manque de soutien concret de l’administration Plante à la police a entraîné une augmentation des démissions au SPVM. “Rien que pour les huit premiers mois de 2022, on en est à 40 démissions alors qu’il y en a eu 29 pour toute l’année 2019, et avant c’était un phénomène marginal”, pointe Yves Francœur. En entrevue, il donne deux exemples : dans un poste de quartier qui était dans un secteur chaud, il y avait 15 patrouilleurs par quart de travail en 2017, et il n’en reste plus que huit ou neuf en 2022. Un autre PDQ, on avait 13 patrouilleurs par quart de travail. en 2020, nous en avons sept en 2022″, ajoute-t-il. Récemment, des sources ont confié à La Presse que durant certaines semaines de vacances cet été, il n’y aurait que trois enquêteurs dans chacune des équipes interdisciplinaires dédiées aux armes à feu campant dans les régions du nord-est et du sud-est. « Depuis plus d’un an, quand on dit à la Municipalité et au SPVM que les unités sont au bord de l’épuisement, ils nous disent que c’est pareil partout, ça n’a plus de sens », insiste-t-il. « Les jeunes policiers des autres corps policiers du Québec ne quittent plus leurs services pour aller à Montréal pour deux raisons : parce que les loyers et les prix des maisons sont trop élevés et parce qu’il y a beaucoup de fusillades et de policiers qui se font tirer dessus. » Le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem, a interrogé le maire Plante à ce sujet lundi, lors du conseil municipal. “Cela veut dire que nous déshabillons Paul pour habiller Jean”, se plaignit M. Salem. À quoi bon se vanter d’embaucher si, depuis la réélection de Projet Montréal, ces embauches sont inférieures au nombre de départs? “Il n’y a pas une semaine à Montréal où il n’y a pas de fusillade, pas une semaine sans mort ou blessé. »

229 recrutements

À ces arguments, Valérie Plante a répondu en précisant qu’il y a eu 229 recrutements policiers depuis novembre 2021. PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE La mairesse de Montréal, Valérie Plante Il rappelle qu’en juin dernier, la cheffe par intérim du SPVM, Sophie Roy, avait assuré à la Commission de la sécurité publique que les effectifs policiers étaient suffisants. La mairesse en a profité pour vanter la qualité des services offerts par le SPVM, qui résout 92 % des crimes qui lui sont signalés, a-t-elle précisé. Le chef de la sécurité publique au comité exécutif, Alain Vaillancourt, a pour sa part accusé l’opposition de mener une “campagne de peur” et de diffamer le travail des policiers. Ces remarques ont déclenché le conseiller de l’opposition Abdelhaq Sari, qui a soutenu que les conseillers d’Ensemble Montréal n’avaient jamais diffamé les élus municipaux. « Ils font un excellent travail, mais ils s’ennuient ! “, il est tombé.