OLIVIER MORIN /AFP Pour Doctolib, pourquoi la mission anti-déviation sectaire se soucie des naturopathes SANTE – La chasse aux dérives religieuses et thérapeutiques est lancée chez Doctolib. Le mastodonte français de la prise de rendez-vous médicaux en ligne a suspendu lundi 22 août 17 profils et lancé “un travail de fond”, suite à de vives critiques visant la présence sur la plateforme de naturopathes, une discipline sans fondement médical. “Nous avons immédiatement suspendu les rendez-vous pour 17 profils”, a déclaré à l’AFP Doctolib, qui “fait un travail conséquent” avec la commission médicale du site, les ordres et les professionnels de santé. « Des mesures seront prises prochainement. Il y a plusieurs options sur la table, nous n’excluons rien”, ajoute la plateforme. Doctolib fait référence aux professions de santé réglementées – médecins, sages-femmes, dentistes, infirmières, etc. —, des professionnels titulaires d’un diplôme reconnu par l’État — psychologues et ostéopathes — mais permet également de prendre rendez-vous avec des sophrologues, des hypnothérapeutes ou encore des naturopathes. Professions aux pratiques non réglementées mais légales. Ces professionnels représentent 3% des utilisateurs inscrits sur la plateforme. Le HuffPost explique pourquoi ces métiers sont désormais ciblés par la Miviludes (Mission interministérielle de lutte contre les déviances sectaires).

Des pratiques dangereuses, proches de la maltraitance

Ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, des professionnels de santé et des patients ont reproché au groupe Doctolib de permettre à ses utilisateurs de prendre rendez-vous avec des naturopathes, dont certains ont des pratiques dangereuses, proches du charlatanisme et des déviations religieuses. La naturopathie est une pratique qui prétend maintenir le corps en bonne santé grâce à un ensemble de méthodes “naturelles”, mais qui n’ont aucune base scientifique ou médicale prouvée. Les critiques de Doctolib visent principalement les naturopathes qui se revendiquent Thierry Casasnovas et Irène Grosjean, deux figures influentes du milieu naturel mais aux positions discréditées dans le monde de la santé. Irène Grosjean est principalement accusée de promouvoir des agressions sexuelles pour le traitement de jeunes enfants. Ce lundi 22 août, Christian Gravel, secrétaire général de la Commission interministérielle de prévention de la délinquance et de la radicalisation, agence du ministère de l’Intérieur qui chapeaute la Mivilides, a proposé à Doctolib de participer à une “réunion de travail” chez Doctolib afin de poser la question de déviations sectaires et/ou thérapeutiques. Un dossier suivi notamment par Sonia Backès, ministre des Affaires étrangères chargée de la Citoyenneté. 2/2 A la demande du Ministre de la Citoyenneté auprès du Ministre de l’Intérieur et des Affaires Etrangères… – Christian GRAVEL (@ Gravel91)
Voir le tweet Une invitation à laquelle Doctolib a répondu positivement, précisant qu’il est “entièrement ouvert” à la Miviludes de “poursuivre ensemble le travail engagé sur ce dossier, que nous prenons très au sérieux”. @Gravel91 @SoniaBackes Merci pour la suggestion @Gravel91. Nous sommes à la disposition de Mivil… — Doctolib (@doctolib)
Voir le tweet

Montée des déviances religieuses pendant la crise du Covid

Ce phénomène d’abus thérapeutiques et d’abus religieux par rapport à la santé s’est particulièrement aggravé pendant la crise du Covid, selon une étude remise en 2021 à la ministre de la Citoyenneté, Marlène Schiappa. “Vous avez de nouveaux gourous qui utilisent la pandémie pour prôner des mesures dites de bien-être, mais qui sont des mesures d’assujettissement psychologique, voire la saisie d’argent ou de biens”, s’était-il plaint auprès de franceinfo. Il a ensuite estimé que “plus de 500 nouveaux petits groupes sectaires ont proliféré en faveur du confinement”. “Il est possible de constater une multiplication des signalements dans le domaine de la santé et du bien-être”, expliquent les experts dans leur rapport, qui pointe “les effets divergents de certaines pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique et les actions de certains ‘pseudo- guérisseurs. Parmi eux, d’anciens adeptes appartenant à des mouvements [sectaires] en déclin ils ont une parfaite connaissance des mécanismes psychologiques qui leur permettent d’approcher les personnes qu’ils ciblent. » Ces « nouveaux professionnels » proposent « toute une gamme de protocoles allant du bien-être psychologique à compléter (voire remplacer) les modes de soins conventionnels pour des pathologies parfois graves. Ce phénomène est accentué, car la demande est forte et il est désormais facile d’ouvrir un cabinet de médecine holistique, spirituelle, alternative”, soulignent les auteurs du rapport. “Beaucoup des cas signalés sont liés au racket, à l’exercice illégal de la médecine ou même à la fraude. » À voir aussi sur Le HuffPost: Enfin, le ministre de la Santé reconnaît que les urgences sont fermées Vous ne pouvez pas voir ce contenu car vous avez refusé les cookies liés au contenu de tiers. Si vous souhaitez voir ce contenu, vous pouvez modifier vos préférences.