Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé dans la matinée du lundi 29 août qu’il se rendait à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, qui a été la cible de frappes ces dernières semaines. « Le jour est venu, la mission de l’AIEA à Zaporijia est en route. Nous devons protéger la sécurité de l’Ukraine et de la plus grande centrale électrique d’Europe”, a tweeté Raffaele Grossi, précisant que la mission arriverait sur le site “plus tard cette semaine”. Sur une photo accompagnant son message, le chef de l’AIEA pose avec un groupe de dix personnes, portant des chapeaux et des gilets avec le logo de l’organisme onusien. Les pays du G7, “profondément préoccupés” par les risques d’un accident nucléaire, ont également réclamé lundi une garantie d’accès “libre” du personnel de l’AIEA à cette centrale. “Nous soulignons que toute tentative de la Russie de déconnecter la centrale du réseau électrique ukrainien serait inacceptable”, a encore averti le groupe des dirigeants de la non-prolifération du G7 dans un communiqué, soulignant que la centrale nucléaire ne devrait pas “être utilisée pour des activités militaires ou stockage de matériel militaire ». Lire aussi Les clés pour comprendre à quoi sert l’Agence internationale de l’énergie atomique Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré lors d’un voyage à Stockholm que “cette mission sera la plus difficile de l’histoire de l’AIEA en raison de l’activité de guerre que la Russie mène sur le terrain mais aussi en raison de la manière évidente dont la Russie tente de légitimer son présence”.

“Risque réel de catastrophe nucléaire”

Raffaele Grossi demande depuis plusieurs mois de pouvoir se rendre sur place, avertissant du “risque réel de destruction nucléaire”. La centrale de Zaporijia, qui abrite six des quinze réacteurs ukrainiens, a été saisie par les troupes russes début mars, peu après le début de l’invasion le 24 février, et se trouve à proximité de la ligne de front dans le sud. Kyiv et Moscou s’accusent mutuellement d’avoir effectué des bombardements près de l’enceinte, près de la ville d’Erginkondar, sur le Dniepr, mettant le site en danger. L’ukrainien Energoatom a mis en garde samedi contre le risque de fuites radioactives et d’incendies après de nouvelles frappes. Ces dernières semaines, Zaporijjia a cristallisé les inquiétudes occidentales. L’ONU a appelé à la fin de toute activité militaire dans la région environnante. Dans un premier temps, l’Ukraine craignait qu’une telle visite ne légitime l’occupation russe du site aux yeux de la communauté internationale avant de finalement soutenir l’idée d’une mission de l’AIEA. Face à cette situation “dangereuse”, le président Volodymyr Zelensky avait exhorté vendredi la police nucléaire de l’ONU à envoyer une équipe au plus vite. Lire aussi Six mois de conflit en Ukraine : et l’Europe redécouvre la diplomatie de guerre Entre jeudi et vendredi, la centrale et ses six réacteurs de 1.000 mégawatts chacun ont été “complètement déconnectés” du réseau national en raison de dommages aux lignes électriques, selon Kyiv, avant d’être reconnectés et redémarrés. Vladimir Poutine a accepté d’accueillir une mission qui passera “par l’Ukraine” plutôt que par la Russie, ce qu’il avait précédemment demandé, a indiqué mi-août la présidence française après l’entretien téléphonique d’Emmanuel Macron avec le président russe.