“Air France confirme qu’à la suite d’une dispute entre les deux pilotes aux commandes d’un A320 assurant la liaison Genève-Paris en juin 2022, des gestes inappropriés ont été échangés”, rapporte également la compagnie ce lundi, à nos confrères de l’AFP, ajoutant que ” les pilotes en question ont actuellement cessé de voler et attendent une décision administrative qui déterminera l’issue et le traitement de l’événement.” Rappelant que “la sécurité des clients et des membres d’équipage est sa priorité absolue”, elle assure également que “l’incident s’est terminé rapidement sans affecter ni le déroulement ni la sécurité du vol qui s’est poursuivi normalement”. Selon le journal suisse La Tribune, le pilote et son copilote se sont disputés peu après le décollage et se sont battus après que l’un aurait heurté l’autre. Des membres d’équipage sont intervenus et l’un d’eux a dû rester dans le cockpit avec les pilotes pour le reste du vol. Cet incident est survenu alors que le Bureau d’enquête et d’analyse pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) a publié la semaine dernière un rapport constatant qu’Air France manquait de procédures de sécurité strictes sur ses vols.
Risque d’incendie
Ce rapport du Bureau d’études et d’analyses (BEA) s’inquiète “d’une certaine culture qui s’est créée chez certains équipages d’Air France, qui favorise une tendance à sous-estimer la contribution de la stricte application des procédures à la sécurité” et appelle les compagnie aérienne française pour “remettre le respect des procédures au cœur de la culture sécurité de l’entreprise”. Le BEA est basé sur un incident survenu le 31 décembre 2020 lors d’un vol entre Brazzaville (Congo) et Paris sur un Airbus A330. Une fuite de carburant détectée à l’altitude de croisière conduit l’équipage à se dérouter vers l’aéroport de N’Djamena (Tchad), mais sans suivre la procédure de sécurité “FUEL LEAK” qui prévoit une coupure moteur du côté de la fuite. “L’arrêt du moteur (…) a été intentionnellement omis par l’équipage”, note le rapport. “Cette décision a ainsi créé un risque d’incendie important et entraîné une réduction importante de la marge de sécurité du vol, l’incendie ayant été évité par hasard”, poursuit le BEA.
“Remettre le respect des process au cœur de la culture sécurité de l’entreprise”
Si l’agence met en avant le nombre « extrêmement limité » de vols d’Air France ayant donné lieu à des enquêtes, elle dit avoir constaté « à travers un certain nombre d’enquêtes récentes (…) que les équipages concernés ont pu (…) effectuer librement certaines démarches en manière de se conformer”. Le BEA cite par exemple un double incident les 28 et 30 mars 2017 au cours duquel un même équipage est monté trop vite en vol. Le 12 septembre 2020, un Airbus A318 “a fait exception aux procédures opérationnelles afin de réaliser une arrivée rapide sur la piste de Paris-Orly”. “Lors de l’approche finale, l’équipage disposait de très peu de ressources pour faire face à un éventuel aléa”, insiste le BEA. Le bureau d’enquête remet en cause certaines suggestions qui figurent dans le manuel du pilote d’Air France, telles que : “sait déroger aux procédures en concertation avec l’équipage lorsque la sécurité l’exige” ou “improvise face à l’”imprévisible pour obtenir le résultat le plus sûr”. ‘. “Le BEA considère qu’Air France doit remettre le respect des procédures au cœur de la culture sécurité de l’entreprise”, conseille le bureau d’études.