17 avril 2021 : Des caméras du monde entier sont formées sur le château de Windsor pour diffuser en direct les funérailles du prince Philip. Tout le monde veut apercevoir la reine Elizabeth II, qui enterre l’homme qui a partagé sa vie pendant sept décennies et qui est décédé une semaine plus tôt à l’âge de 99 ans. Mais les journalistes et les tabloïds espèrent aussi capter une autre image : celle de William et Harry, dont on sait qu’ils sont mêlés, réunis pour rendre un dernier hommage à leur grand-père.

Voir toute la série William et Harry, les frères ennemissur RMC BFM Play À l’époque, Harry avait pris du recul par rapport à la monarchie pour s’exiler aux États-Unis avec sa femme Meghan Markle. Après des années de tension plus ou moins publique, les deux fils du prince Charles et de Lady Diana semblent avoir coupé les ponts pour de bon. Et quand, ce samedi 17 avril, les caméras les voient enfin côte à côte dans le cortège, ils assistent à un échange poli et caché qui donne le sentiment d’une situation cordiale. “Une fois les portes (de la chapelle Saint-Georges) passées, loin des caméras, ils ont échangé des propos désagréables et personnels”, raconte Robert Lacey, historien et conseiller de la série. La Couronne dans la famille royale. “En quelques minutes, ils se disputaient et chacun suivait son propre chemin.” Les princes William, à gauche, et Harry, à droite, lors des funérailles de leur grand-père le prince Philip à Édimbourg le 17 avril 2021 au château de Windsor, dans l’ouest de Londres © Alastair Grant © 2019 AFP Bien sûr, les tabloïds ont couvert l’entrée dramatique de Meghan Markle dans la famille royale, ses prétendus désaccords avec Kate Middleton – l’épouse de William – et la rupture qui s’ensuivrait entre les deux frères et sœurs. Mais pour revenir aux origines de cette brouille royale, il faut retracer le parcours de ces deux princes qui ont grandi en alimentant une inévitable rivalité entre l’aîné, le gendre idéal et le cadet, l’enfant terrible de la monarchie. . Deux personnalités contrastées, construites autour du traumatisme de la mort tragique de leur mère, mais aussi des places qui leur sont assignées dès la naissance : l’un deviendra roi, l’autre restera l’éternel second. Voilà toute l’histoire William et Harry, les frères ennemissérie en quatre épisodes à retrouver sur RMC BFM Play.

Conte de Buckingham

En novembre 2017, une nouvelle royale fait vibrer les Britanniques : le prince Harry annonce ses fiançailles avec Meghan Markle, une actrice américaine avec qui il sort depuis de nombreuses années. A l’époque, tout semblait bien se passer : comme le veut la tradition, Harry érige William en témoin. William avait fait de même pour son mariage avec Kate Middleton. “Ensuite, nous avons vu Meghan Markle comme une bouffée d’air frais qui allait ramener la famille royale dans le 21e siècle”, se souvient Duncan Larcombe, journaliste britannique et ami de Harry. “Une femme métisse qui devait fouler le sol de la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, où est enterré Henri VIII, n’est rien.” Pourtant, loin des caméras, les premières fêlures commencent à tacher les dorures des couloirs accueillants de Buckingham. Ceci est rapporté par Pierrick Geais, son auteur Prince William, la vraie vie d’un futur roi: “Le jour où Harry annonce joyeusement à son frère aîné qu’il va épouser Meghan Markle, rien ne se passe comme prévu. William est très surpris de cette annonce, et dit même à son jeune frère : “Es-tu sûr de vouloir te marier ? cette fille?’. Harry ne supporte pas que son frère ait des doutes sur ce mariage potentiel et il ne supporte pas que William parle de Meghan en ces termes.”

Combats en série

Les conflits s’intensifient. Plus précisément autour d’un diadème que Meghan souhaite porter le jour de la cérémonie et se voit refuser par Angela Kelly, la styliste d’Elizabeth II. Harry en est ému, insistant pour que le personnel accède aux demandes de sa future épouse, afin que la reine intervienne en personne pour rappeler son petit-fils à l’ordre. Si la presse tabloïd se fait déjà l’écho des désaccords entre les frères et leurs épouses, la succession à la couronne présente alors un front uni. Harry, William, Meghan et Kate sont régulièrement vus ensemble, les médias britanniques les surnomment les ‘Fab Four’. Mais en février 2018, lors d’une conférence de presse pour le lancement de leur fondation commune, ils peinent à cacher ce qui se passe dans les coulisses. Lorsqu’un journaliste leur demande s’ils ne sont pas d’accord, William ne s’empêche pas de crier : “Ouhlala, oui !” Que son frère s’empresse d’atténuer : “Des désaccords sains. Je pense que c’est bien d’avoir quatre personnalités différentes (…) On a des avis différents et je pense que ça marche vraiment bien.” Le prince Harry, Meghan Markle, Kate Middleton et le prince William, le 28 février 2018 © Chris Jackson – Pool – AFP Mais la guerre n’éclatera que cinq mois plus tard, avec une affaire si sensible qu’elle restera secrète pendant trois ans. Ce n’est qu’en 2021 que son journaliste L’heure du dimanche Valentin Low révèle des allégations de harcèlement faites par d’anciens membres du personnel contre Meghan Markle. En 2018, une vague de démissions avait en effet éclaté au sein de l’équipe de Meghan Markle. Les anciens membres ont même formé un groupe informel, qu’ils ont appelé entre eux “le club des survivants du Sussex”. “Il y a eu un moment incroyablement douloureux avec l’une des personnes qui souffrait à cause de Meghan à qui j’ai parlé”, rapporte Valentin Low. “William s’est arrêté dans le couloir un jour et a dit:” J’ai entendu dire que tu avais du mal. Je veux juste que vous sachiez que vous avez fait un excellent travail. Il était tellement ému qu’il éclata en sanglots. C’était le résultat du comportement de Megan, un comportement exigeant envers ces personnes. Certaines de ces jeunes femmes étaient brisées.” Guillaume, furieux, s’adresse à son frère : “Et ce jour-là, les deux frères vont se quereller comme ils ne se sont jamais disputés”, raconte Pierrick Geais. “Après cet énorme combat, ils se parleront à peine.” Tout s’effondre alors : l’association caritative des “Fab Four” sera dirigée exclusivement par William et Kate, Meghan et Harry quittent le palais de Kensington – où ils étaient voisins du duc et de la duchesse de Sussex – pour s’installer dans son domaine de Windsor. Et en 2021, lorsque le secret de ces accusations d’attentat à la pudeur éclate, la discrète brouille des deux frères devient une affaire publique. La princesse Diana avec ses fils les princes William et Harry en 1995 © Johnny Eggitt – AFP

Les enfants d’un rebelle

Un retour en arrière dans le passé prouve que cette rupture totale entre William et Harry n’est que l’aboutissement d’un conflit qui a ses racines dans leur enfance. Ils ont grandi sous les lumières des flashs des paparazzis. Au début des années 1980, la Grande-Bretagne tombe amoureuse des deux petits princes de Buckingham… et de leur mère, Lady Diana, la rebelle de la monarchie. “Depuis la naissance de William et Harry, et surtout au moment du choix de l’école, Diana veut s’inscrire contre sa belle famille”, se souvient Pierik Guice. “Elle souhaite notamment inscrire ses deux fils dans une pseudo-régularité, ce qui n’était pas du tout le cas auparavant avec les autres enfants royaux.” Après que des générations de princes et de princesses aient été éduquées au palais par des tuteurs, Harry et William sont retournés à l’école en septembre 1987. Même alors, les tempéraments différents des deux garçons ont été révélés. William se montre sage, tandis que son jeune frère développe un caractère doux : il divertit la galerie, tire la langue aux photographes. “Diana a trouvé les méfaits d’Harry très amusants”, rapporte Robert Jobson, correspondant de la famille royale britannique.

“Ils étaient toujours en conflit”

Harry partage un lien très fort avec sa mère. Il a hérité de son caractère et de son goût de vivre. Car pour échapper au carcan de la famille royale, Diana a voulu transmettre à ses enfants la légèreté, le plaisir, malgré le devoir. “En vérité, William et Harry ne se sont jamais entendus”, déclare Ingrid Seward, journaliste et amie de Diana. “Ils étaient toujours en conflit. Devant les caméras, nous les avons vus s’amuser ensemble, mais dans les coulisses, ils étaient très différents. Ils n’ont jamais été de bons amis.” Duncan Larcombe, se souvient plutôt “d’un duo extraordinaire”: “Je l’ai vu de nombreuses fois au fil des années, la façon dont ils se répondaient, comment ils se comportaient.” Enfants puis adolescents, ils sont tiraillés entre deux modèles parentaux : Charles incarne le devoir, le respect et la monarchie, tandis que Diana, au contraire, se veut proche du peuple, loin de la vie dorée du palais. Elle se faisait un honneur de les emmener au restaurant, au cinéma, faire les courses, accompagnée de son garde du corps. Mais il est impuissant à empêcher le fossé qui se creuse entre les deux jeunes garçons et la différence de traitement réservée à celui qui ne sera pas roi : “A tous les dîners de famille, Harry est au bout de la table et ni la reine, ni la reine mère, ni son père ne lui prêtent attention”, explique Marc Roche, auteur de Borgia à Buckingham. “J’ai parlé à Diana de la parentalité”, ajoute Ingrid Seward. “Tout le monde savait que…